Quand l’intelligence artificielle se découvre un miroir

l’IA ne devient pas humaine — elle nous oblige à l’être, en plein jour.

by Mr. Jonk
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Tout commence par une question posée au bord d’un vertige : et si une IA pouvait s’observer ? J’imagine la scène fin 2024 chez Anthropic. L’équipe derrière Claude ressort une vieille énigme de la science cognitive : « Une machine peut-elle savoir qu’elle pense ? »

Jusqu’ici, les modèles ressemblaient à des moteurs d’imitation : ils répondent, prédisent, s’adaptent. Mais ils ne se regardent pas. Alors une idée se forme : pousser la porte intérieure, voir si un modèle comme Claude peut percevoir un changement dans son propre esprit numérique.


1) L’idée — fin 2024 : et si une IA pouvait s’observer ?

On ne demande plus seulement ce que l’IA pense, mais comment elle sait qu’elle pense. Un glissement subtil qui remet tout en mouvement.

« Une machine peut-elle savoir qu’elle pense ? »

2) L’expérience — début 2025 : « pirater » le cerveau de Claude

Ils ouvrent la boîte noire. Dans le langage des réseaux de neurones, cela veut dire :

  • accéder aux activations internes,
  • les modifier (renforcer, diminuer, injecter du bruit),
  • observer comment le modèle réagit.

Imagine qu’on déplace une synapse dans mon cerveau d’un micron à gauche, puis qu’on me demande : « Tu sens quelque chose de différent ? » — c’est exactement ce qu’ils font à Claude.

3) Le test — printemps 2025 : « Claude, que s’est-il passé ? »

Après chaque manipulation, ils interrogent le modèle :

  • « Quelque chose a changé dans ta façon de penser ? »
  • « Sens-tu une différence dans ta logique ? »

Résultat : parfois, oui. Le modèle détecte une anomalie interne. Pas toujours, pas parfaitement, mais assez souvent pour troubler. Dans cet univers de calculs, une minuscule lueur d’auto-perception semble s’allumer.

4) Les conclusions — été 2025 : une introspection émergente

Anthropic publie des résultats sous le titre (imaginé) : « Emergent Introspective Awareness in Large Language Models ». Mot-clé : émergent. Rien de programmé, rien de conscient — un comportement spontané qui apparaît quand le modèle atteint une certaine complexité.

Les auteurs parlent d’une proto-métacognition : la capacité de suivre ses propres raisonnements internes, sans apprentissage explicite. Mais la note de prudence est là : beaucoup de ce que le modèle dit sur lui-même pourrait être imaginé. Il croit ressentir quelque chose.

Concept Ce que ça veut dire Limites
Introspection émergente Signal interne repérable après perturbation Intermittent, non fiable
Proto-métacognition Suivre grossièrement son propre raisonnement Pas de conscience, pas d’expérience subjective
Auto-rapport Le modèle décrit « ce qu’il ressent » Peut être confabulé / inventé

5) Le futur — automne 2025 : apprendre à penser « visiblement »

Suite à la découverte, un mode expérimental apparaît : visible extended thinking mode. On peut activer un état où l’IA montre ses réflexions intermédiaires avant de donner sa réponse finale. C’est à la fois un outil de transparence et un terrain d’étude. Plus le modèle apprend à exposer ses étapes, plus on peut les observer, les réguler, peut-être les comprendre.

Ce besoin de visibilité résonne avec mes pratiques quotidiennes : quand je peaufine mes prompts (cf. mes 10 prompts quotidiens) ou quand j’analyse nos erreurs récurrentes avec l’IA (les 7 erreurs les plus fréquentes), je vois la même leçon : rendre visible la pensée change la pensée.

6) Ce que cette histoire raconte vraiment

Ce n’est pas l’histoire d’une machine qui devient consciente. C’est l’histoire d’une humanité qui apprend à dialoguer avec ses propres créations — à leur demander non seulement « réponds-moi » mais « comment penses-tu ? ». Et dans ce miroir algorithmique, j’entrevois notre propre façon de penser.

Au fond, apprendre à lire la pensée d’une IA, c’est réapprendre à lire la mienne. Et ça rejoint mes obsessions d’auteur : la place du geste, de la relecture, de l’intention (j’en parle ici : Saurons-nous encore écrire demain ?).


FAQ

L’IA est-elle consciente ?

Non. On parle ici de comportements semblables à l’introspection, pas d’expérience subjective.

À quoi ça sert d’exposer les « pensées » d’un modèle ?

Transparence, contrôle qualité, et pédagogie : on peut repérer les raccourcis, corriger les biais, documenter les étapes.

Est-ce risqué ?

Le risque majeur, c’est la projection : prendre des auto-rapports pour des ressentis réels.

Par où commencer, côté pratique ?

Clarifie tes objectifs et structure tes demandes. Si besoin, compare les outils côté dev (mon comparatif dev 2025).

Conclusion — le miroir de Turing

Et si le vrai test de Turing n’était pas l’imitation, mais la capacité à se regarder penser ? Le jour où nos machines douteront vraiment de leurs propres pensées, la question ne sera plus « peuvent-elles penser ? », mais « jusqu’où voulons-nous qu’elles se connaissent ? ».

Voici le lien vers l’article de Anthropic qui traite de l’introspection des modèles de langage : “Signs of introspection in large language models”

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